Solstice d’été
- Geneviève Sicotte
- 25 juin
- 2 min de lecture
Au creux de l’hiver, mes rythmes circadiens sont dictés par le rayonnement pas très sain de mon écran. Je m’éveille avec l’aube grise de mon téléphone et m’endors baignée par les rayons d’un faux coucher de soleil offert par l’appli F.Lux installée sur mon appareil.
Mais nous voici fin juin, alors que le crépuscule se prolonge. Il est presque 21 heures. Il fait encore chaud. La lumière du dehors m’appelle.

À la crémerie très instagrammable près de chez moi, la longue file des amateurs s’étend sur toute la devanture et tourne le coin de la rue adjacente. Malgré l’attente, ou à cause d’elle, il règne une ambiance festive. Des enfants excités, des adultes indulgents, tous rendus souriants par la promesse d’une gâterie.
C’est mon tour d’entrer. Dans le local bondé où règne une odeur de gaufre, la trame sonore est puissante : musique, vrombissement de la machine à milkshakes, appel des commandes… Les employés font rouler la machine à train d’enfer, il faut que je me décide, et vite! Je choisis un sundae en forme de Mont-Royal joliment couronné par un biscuit en forme de croix.
Plus tard, même en ayant fait la grève des écrans, j’ai du mal à dormir. L’effet de tout ce sucre peut-être? Je ressens une activité de fond qui n’arrête pas, un surcroît d’énergie, un bouillonnement. Je crois qu’en fait, je suis sous l’effet du solstice. Toute cette lumière me plonge dans le rythme de la saison.
L’hiver, je deviens trop souvent plante de serre, hors-sol et décalée. L’été, je retrouve non seulement l’enracinement, mais la pulsion de croître et de faire.
Voilà encore une autre raison de se mettre à l’écoute des plantes. Pour elles aussi, le solstice d’été amène une poussée vitale. C’est bizarre de leur attribuer une volonté, mais comment décrire la chose autrement? François le racontait l’autre jour : avec cette profusion de lumière, les plantes veulent pousser. Elles s’élancent vers le ciel, pompent la sève, déploient racines, feuilles, fleurs et fruits. Quand la lumière décroîtra viendra le temps du mûrissement. Mais pour l’instant, aux champs, c’est l’effervescence.
Ainsi les plantes, familières créatures autres-qu’humaines, peuvent nous enseigner à vivre au rythme des saisons.
Bon solstice d’été!
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