Qui est derrière Les Bontés de la Vallée?
- Isabelle Verdier
- 25 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 7 jours
J’ai eu le privilège de m’entretenir avec Mélina Plante et François D’Aoust, le couple (parents de deux garçons) derrière Les Bontés de la Vallée. Pourquoi le privilège? Lisez, vous comprendrez…

Lorsque Mélanie a croisé François pour la première fois, ce dernier distribuait des dépliants pour promouvoir ses paniers bios dans un quartier de Montréal. « En le voyant s’approcher, j’ai eu un coup de foudre! Mais ce n’est pas pour ça que je suis devenue cliente! s’est-elle défendue. J’avais déjà l’intention de m’abonner! »
Plusieurs paniers et une fête des récoltes plus tard, Mélina avait compris que le métier de maraîcher était prenant. Très prenant! « En plus, François n’est pas top avec l’évaluation du temps. Souvent, on devait se voir, puis ça tombait à l’eau. »
Mélina, de toute évidence, est une femme patiente. Mais ce n’est pas tant sa patience qui m’a sauté aux yeux que sa volonté d’être, de s’enraciner et de tendre les bras et le cœur afin de contribuer à créer un milieu durable, vivant et beau.
J’ai également été frappée par son authenticité et sa générosité, deux qualités humaines si belles et précieuses.
À la ferme, Mélina porte plusieurs chapeaux. « François est le visionnaire et le maraîcher. Moi, j’assois les choses, je structure, j’organise. » Mélina semble faire cela quasi instinctivement. Est-ce parce que l’organisation lui vient facilement qu’elle semble moins valoriser cet aspect de sa contribution? J’en ai eu l’impression.
Un autre rôle que Mélina assume est « le relationnel » : les liens et les communications avec nous, les membres, et avec les employés de la ferme. Ce rôle, elle l’adore! Elle aime nous rencontrer aux points de chute, obtenir notre rétroaction, travailler afin de répondre aux attentes, etc.
Le plus émotionnellement difficile pour Mélina est le sentiment de ne pas être à la hauteur, de décevoir. D’ailleurs, si elle avait une baguette magique pour changer quoi que ce soit à la ferme, vous auriez des paniers parfaits à tout coup et les infrastructures seraient à la fois hyper fonctionnelles et esthétiquement très belles, pour maximiser le plaisir d’y être et d’y travailler.
Même si tout n’est pas parfait et que malgré les efforts, il reste beaucoup à faire et à apprendre, Mélina ne regrette aucunement sa décision de quitter son poste de gérante d’artiste et productrice de spectacles.
« Jamais je ne remets en question mon travail à la ferme. Ce travail est pour moi porteur de sens et je me trouve chanceuse de faire ce que je fais! » — Mélina
Et François, lui? Se trouve-t-il chanceux? Je ne lui ai pas posé la question! Ce que je peux vous dire, toutefois, c’est qu’il est déterminé, passionné et curieux.
C’est en voyant sa famille contrainte de boire de l’eau en bouteille en raison de la pollution agricole de la rivière Yamaska que le jeune François s’est réellement intéressé aux questions environnementales. Les produits de synthèse et la manière de cultiver la terre ont un énorme impact sur l’environnement, m’a-t-il expliqué. Grâce à des recherches (beaucoup de recherches!), à l’expertise de ses pairs, à de « l’essai-erreur », François a développé au fil des années des manières de faire beaucoup plus respectueuses de l’environnement. Par exemple, il travaille le sol uniquement aux cinq ans – sans doute moins fréquemment encore dans le futur – contrairement à l’agriculture « traditionnelle », laquelle travaille la terre tous les ans.
« En travaillant moins la terre, on ne perturbe pas le travail des micro-organismes. Ces derniers sont donc à même de produire les « bios colles » qui permettent au sol de demeurer structuré. Cela évite que les eaux deviennent brunes et sales et prévient l’érosion des sols. » — François
Est-ce là que s’arrêtent les efforts et la vision agronomique de François? Euh… non! À preuve, à la question « Qu’aimes-tu faire avant et après la saison des récoltes? », il répond illico qu’il en profite pour se former et se renseigner, pour en apprendre sur les meilleures pratiques. Un petit livre à travers tout ça, François? Oui, bien sûr : des lectures sur l’agriculture, les plantes médicinales, etc.!
S’il avait une baguette magique pour changer non pas la ferme, mais le monde, François s’en servirait pour que les humains discutent ensemble de leurs besoins et trouvent collectivement des solutions. Pour le citer : « Les gens auraient une capacité améliorée à s’écouter, si bien que nous aurions de réelles discussions. Et nous déciderions pour nous-mêmes quoi mettre en place, au lieu de laisser des gouvernements et autres institutions décider pour nous. »
Lorsque l’entretien avec Mélina et François s’est terminé, je me suis à mon tour sentie chanceuse. Chanceuse d’avoir pu échanger avec eux et de découvrir leur univers, chanceuse de pouvoir les épauler un tant soit peu et, bien sûr, chanceuse de savoir que ma famille et moi savourerons des fruits et légumes cultivés avec passion et savoir-faire, dans le plus grand respect de la nature.
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