Travailler avec Dame Nature

Pas de doute possible, Dame Nature fait la pluie et le beau temps! Comme nous le savons tous, ce printemps, elle s’en est surtout donné à cœur joie avec la pluie et le froid. Au grand dam de bien des gens… dont Mélina et François. Je leur ai parlé pour comprendre l’impact de cette météo sur la production à la ferme.

Les légumes et les fruits ont besoin de lumière

La lumière est essentielle à la photosynthèse, un processus par lequel les plantes produisent l’énergie nécessaire à leur croissance. En limitant l’ensoleillement, un printemps pluvieux comme celui que nous avons connu ralentit le développement de tout ce qui pousse dans les champs.

Selon François, les haricots ont pris tellement de temps à sortir de terre que des insectes les ont mangés avant même qu’ils se pointent le bout du nez!

Les fortes précipitations ont aussi amené leur lot de défis. Dans certains champs, les graines étaient lavées par la pluie, précise Mélina. Résultat : rien ne poussait là (et les maraîchers devaient passer au plan B).

Des répercussions dans nos paniers

Les feuillages que l’on consomme atterrissent tôt dans les paniers. Pour ce qui est des plantes qui produisent d’abord le feuillage, puis les fleurs, puis les fruits que l’on consomme, le processus est plus long, et il faut patienter avant de pouvoir les savourer. Ce sera d’autant plus le cas cette année.

Comme d’habitude, les premiers paniers seront verts, verts et verts! Concrètement, cela signifie qu’on risque d’y trouver épinards, laitues, roquette et bette à carde (consultez la rubrique gourmande pour des super trucs de conservation). En raison du temps pluvieux et froid, la variété et les quantités seront toutefois moindres que prévu.

« Les premiers paniers ne seront pas à la hauteur de ce que nous aimons offrir », admet Mélina. Dans sa voix, la déception s’entend. De nature optimiste et enjouée, elle a tôt fait d’ajouter que le soleil des derniers jours remonte le moral de l’équipe, en plus d’être de bon augure pour les paniers du milieu de l'été.

Mais un jour et un panier à la fois, si vous le voulez bien!

Des pratiques écologiques pour mieux travailler avec Dame Nature

« Pendant quelques années, il y avait trop à faire à la ferme, confie François. Pour survivre, nous avons dû adopter une vision à court terme. Le virage communautaire entrepris en 2024 nous donne un second souffle, carrément! Il nous permet de planifier à court, moyen et long termes, de revenir à des pratiques plus écologiques et à une philosophie qui nous ressemble. Surtout, il rendra les champs bien plus résilients. »

Avide d’exemples concrets, j’ai demandé de quelle manière des pratiques écologiques augmentent la résilience. En guise d’explication, j’ai eu droit à une analogie avec… la farine et le pain! La farine serait comparable à un sol travaillé mécaniquement, tandis que le pain serait comparable à un sol non-travaillé mécaniquement, où la vie s'active (le pain est vraiment une pâte ''vivante'', où pleins de bactéries s'activent). Le sol est travaillé naturellement par des organismes vivants.

Si l'on verse de l'eau sur un tas de farine, elle va ruisseler sur les côtés et se perdre. Au contraire, si on verse de l'eau sur une tranche de pain, elle sera absorbée et le pain gardera sa structure. C'est le pouvoir de la vie !

Lorsqu’une terre est saine, par exemple non-travaillée mécaniquement et nourrie avec des engrais verts (plantes variées utilisées à la ferme comme des pois, du sarrasin, de la vesce, du seigle), elle absorbe l’eau sans pour autant se transformer en boue. C’est l’une des nombreuses pratiques pouvant être mise en place pour s’adapter aux sautes d’humeur de Dame Nature. 

J’ignore si l’avenir fera verdir d’autres fermes de jalousie (ce n’est d’ailleurs pas l’objectif), mais je parie que le travail des maraîchers et de la belle communauté qui se tisse autour d’eux nous fera rougir de plaisir!